Truckee Lake dans Libération

Blaise Bachofen à chroniqué pour Libération Truckee Lake, le dernier livre de Christopher Hittinger.

http://next.liberation.fr/livres/2016/05/13/hittinger-bulles-doseur_1452477
Le philosophe y salue, entre autres, le traitement des relations humaines de Christopher, le rythme suivant la lente progression des pionniers ainsi que la liberté que l’auteur prend par rapport aux code de la BD.

L’article est à lire en entier en page 41 de l’édition de ce samedi 14 mai ou sur Next à cette adresse : http://next.liberation.fr/livres/2016/05/13/hittinger-bulles-doseur_1452477

 

Où sinon, le voilà reproduit dans son intégralité :

Si vous voulez tout comprendre à la politique et que vous n’avez pas le temps de lire Hobbes, Locke ou Rousseau, lisez les Rivaux de Painful Gulch, la 32e aventure de Lucky Luke. Car la (bonne) bande dessinée, ça pense et ça donne à penser. On retrouve dans Truckee Lake, le dernier en date et magnifique album de Christopher Hittinger, cette intelligence des relations humaines, saisies dans ce moment presque pur d’institution d’une société qu’a représenté la conquête de l’Ouest. Comme trois autres des cinq titres qu’il a publiés, le sujet est emprunté à l’histoire – une histoire vraie en l’occurrence. Mais ce genre de la BD historique soigneusement documentée, qui produit souvent le pire (à l’exemple des «films en costumes»), il le maîtrise avec une rare subtilité, «sans rien en lui qui pèse ou qui pose».
Bien qu’il commence à être reconnu comme un auteur majeur, ce Franco-Américain né en 1980 reste fidèle à la très confidentielle maison d’édition associative The Hoochie Coochie, qui a publié son premier album en 2007, alors qu’il revenait de San Francisco. Car il y jouit d’une entière liberté expérimentale. Or, la liberté, c’est à l’évidence la grande affaire de Hittinger. Il ne cesse de jouer avec ce que lui a appris sa formation de graphiste et avec les codes de la BD. Usant ou non de phylactères, mêlant à une minutie et une virtuosité inspirées de Jacques Callot et d’Edward Gorey des esquisses proches du dessin d’enfant, chaque album, chaque planche désarçonne le lecteur. Mais c’est aussi la liberté morale et politique qui est mise en scène (comme dans Jamestown et surtout dans les Déserteurs). Le voyage que l’on fait en quelques heures d’avion pour se rendre sur la côte Ouest, il le refait pas à pas, au rythme des pionniers qui ont défriché des voies réputées impraticables. L’âpreté de la confrontation avec la nature et avec les autres hommes lorsque sont en jeu la vie et la mort suscite la plus sublime solidarité, comme la plus implacable monstruosité. Mais j’en ai déjà trop dit – le suspense fait partie du plaisir. Dépêchez-vous, l’album n’est tiré qu’à 3 000 exemplaires. Et explorez le passionnant blog de l’auteur.
Blaise Bachofen

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