Le laboratoire de The Hoochie Coochie vous fait part d’une récente découverte de son équipe de chercheurs
Les Rotostrips

En janvier 2008, en marge du festival d’Angoulême, The Hoochie Coochie présentait une exposition d’un projet initié en 2005 par Bijne et résultat d’une longue et prudente maturation : les Rotostrips voyaient enfin le jour.
Le nom « Rotostrips » fait référence d’une part à la finalité de l’exercice (réaliser des strips de bande dessinée), d’autre part au geste à accomplir pour renverser les paires de cases, sur les modèles d’exposition. En effet, si sur le papier, le résultat est une reproduction des cases modifiées selon les principes du Rotostrip, cela se traduit en revanche sur les modèles exposés, par la rotation de tourniquets de bois dans lesquels des plaques de plexiglas transparentes sont enchâssées : sur ces plaques, les paires de cases sont reproduites, et seuls les textes sont calligraphiés sur un papier opaque.

Voici un des Rotostrips de niveau 3 de l’exposition. Les modèles ont été réalisés par Baladi, Bijne, Pierre Bunk, Gotpower et Ibn al Rabin. Des titres d’inspiration palindromique ont été employés pour illustrer le propos : « Jeanine et le Ninja », « L’auto d’Otto », etc. Nous remercions encore ici l’agence de voyages CM Tours d’Angoulême qui hébergea l’exposition lors du festival en janvier 2008.

A l'instar des modèles multimedia présentés au sommet de cette page, la vocation du procédé qui anime l'exposition est concrètement interactive. En même temps donc que sont proposés ces modèles en ligne au plus proche de ceux de l'exposition, nous nous attacherons avec une méthode toute scientifique à en décrire la conception, l’étayant pour chaque étape.
Un document pdf est disponible au téléchargement, et reproduit le présent dossier tel que publié dans le Turkey Comix n XVIII. Il est aggrémenté d’exemples empiriques livrés par certains des auteurs de la revue.

Formule mathématique du Rotostrip de niveau 1 :

Soit 2 cases A et B formant un ensemble appelé « strip » [AB] (fig.1).
Plaçons, entre ces deux cases, un axe de rotation ∆, tel qu’on obtient, après une rotation de 180° autour de ∆, la figure 2. Nous obtenons ainsi un strip différent du premier : si graphiquement il en est l’inverse, son texte devient incompréhensible. On remplace donc le texte tel qu’après une rotation de 180° du strip [AB] autour de ∆, on obtient [CD] (fig.3).

Figures 1, 2, et 3

Formule mathématique du Rotostrip de niveau n :

Soit un enchaînement narratif de n strips constitués de 2 cases, et que l’on nommera « récit », et soit n’, le nombre de strips qui effectueront une rotation autour de leur axe, tel que pour un récit où n = 3, on obtient un enchaînement de strips [A1B1] [A2B2] [A3B3] (fig.4) :

Figure 4

1er cas : n = n’
Suivant une rotation de chaque strip autour de son axe, pour n = 3 et n’ = 3 on obtient un nouveau récit tel que [A1B1] [A2B2] [A3B3] devient
[C1D1] [C2D2] [C3D3] (fig.5) :

 

2e cas : n > n’
C’est là toute la subtilité des Rotostrips de niveau n : toutes les combinaisons obtenues devront avoir été envisagées telles que si n’ est inférieur à n, le nouveau récit obtenu soit cohérent. Par exemple pour un récit où n = 3 et n’ = 2, seules des rotations sont effectuées pour les strips [A1B1] et [A3B3]. On obtient (fig.6) :

Figures 5 et 6

De la sorte, le nombre de récits possibles à partir d’un Rotostrip de niveau n sera de 2n (soit pour n = 3, huit récits possibles).
Le principe est extensible à l’infini, mais... pour les Rotostrips de l’exposition, le nombre de paires de cases est limité à trois – soit huit possibilités de lecture toutes combinaisons considérées, comme dit dans l’exemple précédent. Mais envisagerons-nous un jour un Rotostrip de niveau 5, 6, ou 12 (4096 combinaisons de récits cohérents autour de 24 cases) ?

Rotostrips à axes verticaux

Des exemples sont visibles des pages 196 à 203.
Dans la partie précédente, nous avons étudié des Rotostrips dont les axes de rotation entre cases sont verticaux : on se contente de renverser la gauche et la droite, et la chronologie entre deux cases qui se suivent strictement.

Rotostrips à axes horizontaux

Des exemples sont visibles des pages 204 à 207.

Imaginons à présent que les axes de renversement des Rotostrips deviennent horizontaux, c’est-à-dire qu’au lieu d’avoir des paires de cases disposées l’une à droite de l’autre, on les a l’une au-dessous de l’autre, bien que le sens de lecture du récit reste de gauche à droite.
On obtiendra (fig.7) :

De nouveau, chaque case sera pensée pour le cas où n (le nombre de strips) est supérieur à n’ (le nombre de strips en rotation).

Figure 7

Les cases subissant à présent un renversement de haut en bas, et un minimum de cohérence restant requis dans chacune des combinaisons d’un Rotostrip, les cas de
figure en place demanderont un peu plus d’imagination aux auteurs que pour de simples rotations de gauche à droite. Lorsqu’un motif participe au récit, il devra rester significatif une fois renversé de haut en bas, quitte à représenter quelque chose de différent – à la façon d’un upside-down. C’est la « difficulté » la plus évidente (fig.8 et 9).

Figures 8 et 9

Par ailleurs, la chronologie est largement bouleversée d’un renversement à l’autre : les paires de cases ne se suivent plus strictement dans l’ordre de lecture. C’est à une contrainte au moins tout aussi importante que le renversement haut-bas des cases (fig.10).

Figure 10

Dossier complet extrait du
Turkey Comix numéro XVII,
à télécharger ici.

 

Photos de l'exposition

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