Chacal Hebdo dans la presse (première partie)

Paru en mai 2025, Chacal Hebdo a suscité le débat. De DBD à Blast, tour d’horizon des soutiens et détracteurs du pamphlet satirique de Ziegler & Baladi…

Tout d’abord, saluons Frédéric Bosser qui dès la parution des Arts dessinés n°31 a consacré une chronique enthousiasmante du livre:

"Dominique Ziegler signe un texte mordant, mis en images avec finesse par Baladi."
« Dominique Ziegler signe un texte mordant, mis en images avec finesse par Baladi. »

Le même Frédéric Bosser a réussi à organiser une rencontre entre Denis Robert (auteur de Mohicans, l’une des sources principales de Chacal Hebdo) et Ziegler & Baladi. Cet entretien croisé a été reproduit dans DBD #195 sur… 14 pages!

« C’est une gageure d’être arrivé à condenser tout cela en une bande dessinée. En la lisant, j’étais impatient de voir comment vous alliez traiter l’attentat. Là encore, vous le faites avec discrétion et intelligence. » Denis Robert

Le podcast Dans Ma Bulle a publié 2 épisodes autour de Chacal Hebdo, le premier est issu d’une rencontre animée par Florian Moine avec Alex Baladi à la librairie NordEst à Paris: https://podcast.ausha.co/dans-ma-bulle/chacal-hebdo-une-satire-politique-sur-un-fameux-journal-rencontre-avec-alex-baladi-dans-ma-bulle-546

Le second est un entretien à Paris conduit par Fred Michel en juin dernier, avec les deux auteurs… à la Terrasse Choron! https://podcast.ausha.co/dans-ma-bulle/chacal-hebdo-l-histoire-satirique-d-un-journal

Notre radio locale RDWA a aussi consacré une émission d’entretien avec Alex Baladi et Gautier Ducatez, notre éditeur, mais aussi une belle chronique signée par Tof, libraire chez Mosaïque à Die et qui a accueilli la grande avant-première de Chacal Hebdo.

« Bien loin du pamphlet anti-Val, cette histoire est aussi celle d’une chute: la chute d’une gauche française représentée par ses personnages ambigus tels que Val, Malka ou encore Caroline Fourest à l’époque. »

Dans le même esprit que cette chronique, mais sur ActuaBD, une analyse fine du livre est donnée par Hugues François:

« L’histoire racontée peut paraître connue par beaucoup, elle n’avait jamais été racontée en bande dessinée et cette réalisation est sans nul doute une réussite. »

Sur Bodoï, Benjamin Roure note que Chacal Hebdo ne confronte pas les points de vue en faisant témoigner d’autres acteurs de cette époque. Néanmoins, sa chronique est tempérée très positivement par ce paragraphe final: « La voie choisie (le style caricatural enrobant les infos solides) rappelle évidemment les grandes heures de Charlie, et c’est donc pertinent. Compte tenu du sujet et l’inspiration graphique initiale, la radicalité était de mise, avec les écueils qu’elle comporte. »

« La voix choisie (le style caricatural enrobant les infos solides) rappelle évidemment les grandes heures de Charlie, et c’est donc pertinent. Compte tenu du sujet et l’inspiration graphique initiale, la radicalité était de mise, avec les écueils qu’elle comporte. »

Sur Facebook, Pascal Boniface prévient qu’aucun média de masse ne parlera de ce livre. Comment lui donner fondamentalement tort, en dépit des nombreux exemplaires de services de presse envoyés aux rédactions?

"Retenez bien ce titre: Chacal Hebdo de Ziegler et Baladi, parce qu'aucune émission de télévision n'en parlera, aucun journal n'en parlera, ce sera l'omerta absolue."
« Allez-y, Chacal Hebdo, vous allez vous régaler, et pour ceux qui ne connaissent pas la véritable histoire de Charlie Hebdo, vous allez apprendre: c’est pas jojo. »

La vérité, c’est que quelques journaux ou site d’information généralistes ont quand même vraiment parlé du titre. Mais plutôt qu’une gêne autour du cas Philibert Vil, c’est le fait de désacraliser certains dessinateurs martyrs qui crée de la dissension. C’est ce que pointe (toujours dans les média BD) une chronique mitigée Paul Giner dans Casemate (n°189, avril 2025): http://casemate.fr/casemate-n189-avril-2025/

« Le massacre est relégué au rang d’opportunité pour s’en mettre une fois de plus plein les poches. Sans parler des manifestations « Je suis Chacal », où ça défile dans le sillon de chefs d’État, dans un improbable mélange des genres… »

Dans la presse généraliste suisse (pays d’origine des deux auteurs), Roderic Mounir souligne dans le Courrier que des dessinateurs comme Charb et Cabu ne pouvaient être soupçonnés d’islamophobie (ce dont le livre apporte la preuve du contraire, on l’aura compris), mais termine sa chronique sur une note bien plus enthousiasmante:

« Le cynisme dénoncé par Ziegler et Baladi est aussi celui d’une classe politique prompte à scander «Je suis Charlie» tout en reprenant les thèses de l’extrême droite, et en cautionnant un génocide perpétré par un régime colonial. En cela, même si l’exercice est imparfait, il est salutaire. »

Toutefois dans cette même presse suisse, Michel Pralong dans Le Matin confronte les questions que ne manquent pas de soulever un tel ouvrage aux réponses des auteurs, issues d’un entretien réalisé en marge du festival BD-Fil:

« En 2015, deux sociologues publient alors une tribune dans « Le Monde », réfutant cela après une analyse des unes du journal. Sur 523 couvertures, seules 7 ont été consacrées à l’Islam en 10 ans. «C’est toujours le même argument, s’indigne Dominique Ziegler. Mais on n’analyse que les unes, alors qu’on oublie les éditos de Philippe Val, les dessins intérieurs, les articles de Caroline Fourest. On dit aussi que «Charlie» s’attaquait pareillement aux catholiques. Oui, mais à l’Église, pas aux croyants. Tandis que souvent, ce sont les citoyens musulmans, en particulier les femmes, qui y sont critiqués.»

Et en France? Rien? Ah, si! si! Blast a consacré un article révélateur des cicatrices héritées de la tragédie du 7 janvier 2015 dans ce pays. Pour Jean-Samuel Kriegk, c’est toujours la charge contre Charb et Cabu qui ne passe pas: « Soupçonner ces dessinateurs – bouffeurs de curés depuis leur premier crayon – d’un quelconque racisme est ignoble ».

« Drôle, pertinente lorsqu’elle raconte l’appropriation d’une marque transgressive par des affairistes aussi peu subversifs que scrupuleux, leur BD convainc bien moins lorsqu’elle présente Cabu ou Charb comme des artistes carriéristes ayant développé un racisme opportuniste. »

Mais on n’allait pas vous quitter sur cette note un peu amère alors qu’un journal en France a bel et bien placé Chacal Hebdo comme « L’album du jour »! C’est le Courrier picard, sous la plume de Daniel Muraz et on en est bien content!

« Féroce et ravageur, Chacal hebdo fera sans doute grincer les dents de certains, éclater d’un rire jubilatoire d’autres, mais il s’inscrit comme un bel exemple de liberté d’expression. Et, en cela dans la filiation de ce qu’entend être Charlie hebdo… »